Mont Albert (le tour)

Mont Albert (le tour)

Le fameux Mont Albert, ce classique de la randonnée au Québec, fut nommé ainsi en l’honneur du Prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-1861) par l’arpenteur-géologue Alexander Murray qui en atteignit le sommet le 26 août 1845, jour de l’anniversaire de l’époux de la reine Victoria. Il fait parti des monts Chics-Chocs et détient le 8ième rang au palmarès des montagnes les plus hautes au Québec avec ses 1151 mètres d’altitude. Il est situé dans le Parc national de la Gaspésie, secteur du Mont-Albert, au 1981 route du Parc à Sainte-Anne-des-Monts. Nous stationnons au Centre de découverte et de services et débutons le sentier de l’autre côté de la route. Un sentiment d’euphorie m’envahit à l’idée d’effectuer cette randonnée tant attendue, le tour du Mont Albert. Arrivés à la passerelle aux Saumons, 200 mètres plus loin, un écriteau nous indique que le sommet du Mont Albert est situé à 5,5 km …

Passerelle aux Saumons

C’est donc dire que le dénivelé de 870 m sera ressenti sur cette courte distance ? Ouch ! Jusqu’à présent, le sentier est fort bien aménagé et agréable à sillonner. La pente est raide mais se monte relativement bien. Le belvédère de la Saillie, à 1,7 kilomètres sur la gauche, nous dévoile une vue magnifique sur la vallée de la rivière Sainte-Anne et les montagnes environnantes. Nous sommes présentement à 400 m d’altitude …! Nous reprenons la direction du Mont Albert, 4 kilomètres restants ! Le chemin s’enfonce en forêt et c’est ici que ça se corse …! La montée est très escarpée et le sentier est généralement rocailleux. Nous gravissons la montagne avec détermination focalisant sur notre objectif, arriver au point culminant ! À 400 mètres du sommet, le sentier rétrécit et un escalier aux paliers de roches nous mène vers son apogée. Sans s’y attendre, sortant des bois, un caribou forestier se pointe à quelques mètres juste devant nous ! Je suis totalement ébahie devant cet imposant souverain des sommets, quel animal majestueux ! Son panache fait littéralement la largeur du sentier, c’est impressionnant ! Il se dirige vers le sommet tout comme nous et le bruit de ses pas qui résonne sur le sol me fait frissonner ! Malgré mon épuisement, je m’empresse de gravir les derniers mètres avec diligence, fascinée par ce splendide cervidé !

Un magnifique caribou des bois

Il est décidément en meilleure forme que moi car j’obtiendrai mon cliché tant désiré que lorsqu’il aura atteint le sommet ! De là-haut, quelle vue impressionnante sur cet immense plateau, baptisé la Table à Moïse, qui nous dévoile ce paysage de toundra alpine, où les arbres ne grandissent pas …! Nous prenons une pause-dîner bien méritée à l’abri des Rabougris, à 1060 mètres d’altitude, admirant le paysage hors du commun. Nous poursuivons la randonnée, scrutant l’horizon et observant cette roche d’un brun orangé. Cette pierre, c’est de la serpentine, ce qui est très rare en Amérique du Nord. Elle contient beaucoup de magnésium et peu de calcium, ce déséquilibre chimique nuit à la croissance des plantes. En plus de la rigueur du climat, elle est également responsable de l’aspect clairsemé de la végétation. Un trottoir de bois nous conduit au belvédère du Versant, à 1,1 kilomètres plus loin. C’est ici le point décisif où il faut alors choisir entre revenir sur ses pas ou poursuivre 10,5 kilomètres sur le sentier plus long et plus difficile … Notre décision est déjà prise depuis longtemps, nous descendons vers la vallée du Diable !

La Vallée du Diable !

Le paysage exceptionnel qui nous entoure est de loin un pur ravissement pour les yeux ! Il y a encore de la neige sur les parois rocheuses même au mois d’août, c’est fascinant ! Nous distinguons à peine deux caribous des bois se promenant sur le plateau. Il est moins propice d’en rencontrer contrairement au Mont Jacques-Cartier où nous avons eu la chance d’en observer neuf l’an dernier … La descente s’annonce très abrupte, voire même dangereuse ! Ces petits cailloux qui roulent sous nos bottes nous font souvent perdre l’équilibre. Je regarde au loin, un petit chemin se dessine à l’horizon … Ce sera probablement moins ardu quand nous aurons atteint ce sentier, mais il n’en est rien ! La vallée du Diable est parsemée d’innombrables roches sur son parcours que nous devons enjamber avec habileté. Nous longeons ainsi le ruisseau du Diable quand j’aperçois deux tétras du Canada marchant paisiblement dans le lichen. Cet oiseau peu farouche aux couleurs fauves se laisse aisément approcher facilitant ainsi quelques clichés. Au cœur de la vallée du Diable, une petite halte à l’abri de la Serpentine est certainement la bienvenue. Nos muscles sont endoloris, la fatigue commence vraiment à se faire sentir. Nous reprenons la randonnée, « il ne reste que » 6,2 kilomètres avant d’arriver au poste d’accueil.

Le lac du Diable et le Mont Olivine sur la gauche

De retour en forêt, une éclaircie nous dévoile une vue magnifique sur le lac du Diable, c’est de toute beauté ! Nous pouvons même y apercevoir le Mont Olivine sur la gauche. Un froissement de feuilles mortes attire soudainement mon attention ! Nous tombons nez-à-nez avec une femelle orignal qui nous observe curieusement. Nous ralentissons le pas et … ça presse ! Nous la laissons passer et emprunter le sentier, un choix pas si bête ! Après tout, c’est nous qui sommes sur son territoire !

Femelle orignal

Dévalant les derniers kilomètres, un belvédère nous permet d’admirer la chute du Diable. Nous longeons par la suite la rivière Sainte-Anne jusqu’à la splendide chute du même nom, complément de cette exaltante randonnée ! En conclusion, le Mont Albert est un sentier plutôt rochant à effectuer mais éprouver ce sentiment d’accomplissement et du dépassement de soi compense largement pour l’effort déployé !


 

 

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